Le tombeau est le port où nous arrivons tous après une navigation plus ou moins orageuse.
Proverbe oriental ; Les apologues et contes orientaux (1784)
FILMOGRAPHIE _ Bette DAVIS – 90 Films + Bonus
Soixante ans de carrière à son actif. Si les chiffres sont éloquents cette phrase ne peut, à elle seule, résumer la carrière de celle qu’on surnommait La Reine d’Hollywood, ou encore La Première Dame du grand écran américain. Elle est classée par l'AFI 2ème plus grande actrice de tous les temps aprés l'immense star Katharine HEPBURN.
Élevée, avec sa sœur Barbara, par leur mère photographe - qui divorce de leur père en 1915 (fait rare à l’époque) - Ruth Elizabeth Davis fait ses premiers pas sur les planches alors qu’elle est étudiante à la Cushing Academy d’Ashburnham, dans la pièce Le Songe d’une nuit d’été. La jeune femme suit ensuite les cours de danse de Martha Graham et s’inscrit aux cours de théâtre de la John Murray Anderson’s Acting Dramatic School à New York. Dès 1928 elle rejoint la troupe de théâtre dirigée par George Cukor et joue à Broadway dans Broken Dishes l’année suivante. En 1930, Bette Davis est remarquée par les studios Universal qui lui proposent un contrat, elle tourne alors dans The Bad Sister d’Hobart Henley et enchaîne avec cinq films insignifiants. Les dirigeants du studio trouvant son physique ingrat ne renouvellent pas son contrat. Déçue par les rôles qu’on lui propose au cinéma, Bette Davis décide de rentrer à New York afin de retourner à son premier amour : le théâtre. Mais le comédien George Arliss, sous contrat avec la Warner, lui demande d’être sa partenaire dans L'Homme qui jouait à être Dieu. Dans ce premier rôle important, la jeune actrice montre l’étendue de son talent. Les frères Warner lui font signer un contrat de sept ans (qui se conclura au final par 16 années de collaboration mouvementée), Bette Davis tourne alors dans The Rich are always with us aux côtés d’une autre actrice de théâtre Ruth Chatterton. Les frères Warner tentent de la changer, la rendant plus blonde et lui imposant un régime afin que la jeune femme corresponde aux standards de beauté des années 30.
En 1932, elle épouse Harmon Nelson (dont elle divorcera en 1938) et fait la rencontre du réalisateur Michael Curtiz, avec lequel elle collaborera au total à 7 reprises entre 1932 et 1939. Elle fait sensation grâce à son interprétation de vénéneuse séductrice dans Ombres vers le Sud et montre un côté plus sensible dans Vingt mille ans sous les verrous où elle donne la réplique à Spencer Tracy. Poursuivant sur sa lancée, elle tourne sous la direction de William Dieterle dans Fashions of 1934 et Fog Over Frisco. La même année, la RKO prépare l’adaptation de Servitude humaine de Somerset Maugham : Bette Davis - qui désire obtenir le rôle de Mildred - harcèle Jack Warner afin que celui-ci la laisse tourner pour un autre studio. Après plusieurs mois, celui-ci accepte de "prêter" la comédienne à la RKO pour L'Emprise de John Cromwell. Sa grandiose interprétation de Mildred, une serveuse perverse qui mène un étudiant en médecine à sa perte, lui vaut la première nomination à l’Oscar de la meilleure actrice de sa carrière. Mais surtout, le succès pousse les frères Warner à lui confier des rôles plus importants, notamment dans Ville frontière d’Archie Mayo et surtout dans L'Intruse de Alfred E. Green. Bette Davis est incroyable de justesse dans ce rôle d’ancienne actrice de théâtre devenue alcoolique. Une prestation qui lui vaut le premier Oscar de sa carrière.
Pourtant les frères Warner refusent de lui confier le rôle de la reine Elisabeth 1er dans Mary Stuart et lui proposent des scénarios qui ne semblent pas lui convenir. Célèbre pour son fort tempérament, Bette Davis rompt son contrat et intente un procès à la Warner depuis Londres où elle s’installe. L’actrice perd le procès mais Jack Warner, désormais conscient du potentiel de la comédienne, lui rembourse les frais et lui confie des scénarios de meilleure qualité et des rôles forts à la mesure de son talent : elle incarne une prostituée dans Femmes marquées (1937) de Lloyd Bacon aux côtés d’Humphrey Bogart, est la femme d’Henry Fonda dans le drame Une certaine femme (id.) d’Edmund Goulding, partage l’affiche de L'Aventure de minuit (id.) avec Leslie Howard et Olivia de Havilland, incarne avec brio la reine Elizabeth dans La Vie Privée d'Elisabeth d'Angleterre (1939) de Michael Curtiz, et est bouleversante dans le drame Victoire sur la nuit (1939),…
A la fin des années 30, Bette Davis enchaîne les rôles sans pour autant tout accepter. La comédienne refuse d’interpréter Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent prétextant qu’Errol Flynn (qui devait incarner Rhett Butler) n’était pas assez bon acteur. Elle accepte par ailleurs le rôle principal de L'Insoumise de William Wyler - dont l’histoire ressemble étrangement à celle d’Autant en emporte le vent – et dans lequel elle retrouve Henry Fonda. Bette Davis reçoit l’Oscar de la meilleure actrice tandis que William Wyler est nommé en tant que meilleur réalisateur. Un succès qui fit de Bette Davis et William Wyler les atouts majeurs du studio. Ils collaboreront ensemble à deux autres reprises pour La Lettre en 1940 et La Vipère en 1941. Deux longs métrages pour lesquels ils furent, tous deux, nommés aux Oscars. Mais le duo se dispute et William Wyler met fin à leur collaboration.
Bette Davis poursuit sur sa lancée avec Une Femme cherche son destin (1942) d’Irving Rapper pour lequel elle décroche sa sixième nomination aux Oscars et devient La reine des studios Warner. La même année elle fonde le Hollywood Canteen, un organisme d’aide aux combattants de la seconde guerre mondiale où les acteurs se transforment en serveurs. Une initiative qui donnera lieu, deux ans plus tard, à un long métrage musical dans lequel elle tient le rôle principal. En 1945, elle épouse l’artiste William Grant Sherry (dont elle divorcera en 1950 et avec lequel elle aura une fille Barbara Davis Hyman). En 1949, elle tourne dans La Garce de King Vidor, mais le tournage se passe très mal avec le réalisateur. Bette Davis demande alors à Jack Warner de trouver un compromis : elle termine le film à la condition que Warner la libère de son contrat. La même année, on lui propose de remplacer Claudette Colbert, blessée lors d’un tournage, dans Eve de Joseph L. Mankiewicz. Bette Davis incarne Margo Channing, une actrice adulée de tous trahie par Eve (Anne Baxter), son assistante et amie. Montrant avec brio la concurrence qui existe entre les artistes, le film est considéré comme un chef d’œuvre du 7ème art. Bette Davis y est grandiose, le rôle de Margo marque l’apogée de la carrière de la comédienne. Celle-ci avouera d’ailleurs en 1983, dans une interview : "Dès le premier tour de manivelle aucun film ne me donna autant de satisfaction. Ce fut un grand film, dirigé par un grand metteur en scène, avec une distribution idéale… Après la projection, je pus dire à Joseph (Mankiewicz), qu’il m’avait ressuscitée."
Lors du tournage du film, Bette Davis et son partenaire à l’écran Gary Merrill tombent follement amoureux. L’actrice divorce de William Grant Sherry le 5 juillet 1950 et épouse Gary Merrill le 28 juillet 1950. Le couple adopte une petite fille qu’il prénomme Margot en hommage au personnage joué par Bette Davis. Le film de Joseph L. Mankiewicz reçoit 14 nominations aux Oscars et décroche 6 statuettes (parmi lesquelles celles du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario). Battue aux Oscars par Judy Holliday (pour Comment l'esprit vient aux femmes), Bette Davis reçoit néanmoins le Prix d'interprétation féminine à Cannes. Traversant, l’année suivante, une crise existentielle dans La star de Stuart Heisler, elle tourne aux côtés de son époux en 1951 dans Another Man's Poison et l’année suivante dans Appel d'un inconnu. Mais les rôles se font plus rares et la carrière de la comédienne est sur le déclin. En 1960, Bette Davis et Gary Merrill divorcent. Au même moment Frank Capra lui offre le rôle principal de son dernier long métrage Milliardaire pour un jour. Si la prestation de Bette Davis est parfaite, l’ambiance lors du tournage est très tendue avec les deux autres vedettes du film : Glenn Ford et Hope Lange. Frank Capra avouera par la suite que Peter Falk était le seul acteur à ne pas avoir posé de problèmes pendant le tournage.
Le dernier rôle marquant de sa carrière, Bette Davis le doit à Robert Aldrich qui lui propose d'incarner Jane dans Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?. Elle joue la sœur d’une autre actrice au tempérament de feu Joan Crawford. Les comédiennes se détestaient, leur collaboration sur le tournage est donc particulièrement tendue. Cependant, le film sera un véritable triomphe critique et public. D’un budget d'environ 980.000 dollars, Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? rapporta plus de 9 millions. Bette Davis est nommée une dernière fois aux Oscars pour ce film. Le metteur en scène propose aux comédiennes de tourner une seconde fois sous sa direction dans Chut, Chut, chère Charlotte. Joan Crawford décline l’offre, Bette Davis accepte d’incarner Charlotte et impose son amie Olivia de Havilland pour le rôle de Miriam Deering. L’actrice est ensuite de moins en moins présente sur les écrans. Elle apparaît néanmoins aux castings de La Mort frappe trois fois (1964), Confessions à un cadavre (1965) ou L' Argent de la vieille (1972). Sa dernière apparition sur grand écran se fait dans le drame Les Baleines du mois d'Août dans lequel elle donne la réplique à Lillian Gish.
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FILMOGRAPHIE _ Louis de Funes - 136 Films + Bonus
Louis de Funès, de son patronyme complet Louis de Funès de Galarza, naît à Courbevoie le 31 juillet 1914. Durant son adolescence, Louis de Funès s’illustre par son mauvais comportement, et multiplie les renvois dans sa vie professionnelle. Ce n’est qu'à l’aube de ses 30 ans que le Français décide de se lancer dans une carrière de comédien. Après un bref passage par le cours Simon, Louis de Funès enchaîne les petites apparitions au théâtre. Jusqu’à son éclosion dans les années 1950.
En 1953, Louis de Funès fait une première rencontre avec le succès grâce à la pièce Ah ! les belles bacchantes. Mais c’est grâce au cinéma, et au film La Traversée de Paris sorti en 1956, que l’acteur façonne son personnage. Au fil des années, Louis de Funès s’érige comme l’un des comiques les plus célèbres du cinéma français. On lui doit quelques grands moments cinématographiques avec Pouic-Pouic (1963), Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), La Grande Vadrouille (1966), ou encore La Soupe aux choux (1981).
Réputé pour son personnage impulsif et râleur, Louis de Funès est un vrai séducteur dans la vie privée. L’acteur français a été marié deux fois, d’abord à Germaine Elodie Carroyer en 1936, puis à Jeanne Barthélémy de Maupassant en 1943. Trois fils sont issus de ces deux unions : Daniel, Patrick et Olivier. Louis de Funès décède à Nantes le 27 janvier 1983.
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FILMOGRAPHIE _ FERNANDEL - 120 Films + Bonus
De son vrai nom Fernand Joseph Désiré Contandin, il est né le 8 mai 1903, dans l'appartement familial situé au 72 du boulevard Chave, grande artère de Marseille (Provence - Occitania), où de nos jours, figure une plaque rappelant cet évènement. Mais laissons Fernandel le raconter lui-même: "Je suis né le mois des fleurs (le jour de la St Désiré) et ce jour-là, on m'a dit que le soleil était astrologiquement sur le seizième degré du signe du Taureau;... C'est le droguiste qui se trouvait en dessous de chez nous, Mr Rabattu, qui accompagna mon père pour déclarer ce dont la nature avait doté ma famille: un certain Fernand Joseph désiré. Mon père avait dû, pour cet événement important, interrompre une répétition du commissaire est bon enfant lorsque ma mère avait ressenti les premières douleurs, ce qui m'a fait dire, bien plus tard, que j'étais né en fait sous le triple signe du Taureau, du Cheval et de Courteline."
Selon ses proches, Fernand est un garçon curieux, foncièrement honnête, travailleur, instable, extrêmement sensible, parfois mélancolique, mais aussi jovial et farceur. A l'évidence, si les planches sont la vocation de l'enfant, l'appartement est son conservatoire. En 1908, Fernandel a tout juste 5 ans et pas mal d'années de métiers dans les jambes: "Dès que l'ai pu me tenir debout, j'ai couru dans toutes les coulisses, les arrière-salles, les loges des hauts (et des bas) lieux du spectacle marseillais... De très bonne heure, en effet, je manifestais un grand enthousiasme pour tout ce qui touchait de près ou de loin à la chanson. J'avais pris, avec mon frère Marcel les attitudes et les gestes scénique de mon père, ainsi que sa façon de porter la voix ou de placer ses mouvements." Le jeune Fernand tâche de jouer les écoliers studieux pour mieux gagner la confiance paternelle. En 1908, il rentre à la pension Rose, puis l'école communale de la rue Gillibert avant celle de la rue Alexandre-Copello où il fera la connaissance d'un certain André Jaubert qui deviendra plus tard Andrex.
Fernand n'en demeure pas moins un croyant fervent. L'attachement au catéchisme de son enfance se manifestera bien plus tard lors d'une rencontre avec le pape. Le père Sardou, prêtre à l'œuvre paroissiale Timon-David, aimait rappeler une certaine lettre du 21 mai 1911. "Moi, Fernand Contandin, écrivait-il au Tout-Puissant via l'ecclésiastique, me consacre aujourd'hui et pour toujours à Votre service. Je promets de Vous honorer toute ma vie d'un culte spécial, d'être toujours l'enfant fidèle de cette congrégation qui Vous est consacrée et de répandre Votre culte parmi les jeunes gens."
C'est au théâtre Chave qu'il débute dans un drame historique: "Marceau ou les enfants de la révolution" d'Anicet Bourgeois. Mais c'est sur la scène d'une petite salle du proche quartier de Castellane, la Scalla (le futur Eldorado), que Fernand va faire connaissance à la fois avec le public et... le trac. Le pioupiou interprète de manière plutôt gauche mais sans faiblir "Mlle Rose". C'est le succès: le public explose en ovations. Après un gala au Châtelet, il passe au Palais de cristal. "Du Palais de cristal aux Variétés, ça fait peut-être cent mètres de Canebière. Seulement, pour les faire, ces cent mètres, j'ai fait "le grand tour". Les débuts dans notre métier sont toujours difficiles."
Mais ces débuts vont devoir s'arrêter brutalement suite à la mobilisation de son père: Fernand doit trouver du travail. "Alors là, les places ont défilé. Attendez. (il compte sur ses doigts) En 1915, je suis entré à la banque nationale de Crédit, rue St Ferréol, comme garçon de courses. On disait saute-ruisseau; Pour 25 frs par mois. C'est mon grand-frère Marcel qui m'y avait fait engager. Le directeur, Mr Gatineau, quand il m'a vu, maigre comme un stockfisch, il a dit à mon frère: "C'est pas un grenadier! Non, a répondu mon frère, mais il court vite." Là, je me suis fait un copain inséparable que j'ai gardé toute ma vie: Jean Manse. Ensuite, il y a eu la savonnerie Bellon, la papeterie Granger, la société marseillaise de Crédit, la compagnie d'électricité, puis mon père étant rentré de la guerre, j'ai travaillé avec lui dans l'alimentation. Puis je suis devenu docker (pas longtemps, c'était trop pénible). Je suis rentré dans une maison de textile, puis retour dans les banques: Banque impériale ottomane, banque Mathieu-Martin, banque Franco-chinoise, Banque populaire provençale. Le régiment puis un retour dans les savons avec la savonnerie du Fer à cheval, puis la savonnerie de la Cigale, au Rouet. Et après? Après, ça a marché. Après, j'ai été chanteur!"
En attendant, il fréquente de plus en plus assidûment la petite sœur de Jean, Henriette. D'ailleurs, lorsqu'il vient voir sa fiancée, Mme Manse l'interpelle par : "Vé ! Voilà le Fernand d'Elle !". Il prend d'ailleurs ce pseudo pour apparaître sur la scène de l'Edorado et partage son temps entre spectacles et travaux alimentaires. Désireux d'épouser Henriette (chose faite le 4 Avril 1925), il accepte une place à la savonnerie du Fer-à-cheval qu'il gardera jusqu'au printemps 1925 et son incorporation sous les drapeaux. D'abord à Grenoble, puis à Marseille, son service militaire se déroule plutôt bien puisqu'il habite le soir chez lui.
Sa fille aînée, Josette, voit le jour le 19 Avril 1926, 3 semaines avant que Fernandel ne soit libéré de ses obligations militaires et qu'il ne retrouve une place à la savonnerie. Sa première chance, il la doit à Louis Valette, le directeur de l'Odéon, qui l'engage en remplacement de la vedette parisienne qui a été conspuée par le public. On retrouve alors le tourlourou Fernandel qui triomphe avec un répertoire dont Polin et son beau-frère sont les auteurs. C'est un triomphe auquel assiste, par hasard, le directeur français de la Paramount, Jean Faraud. Celui-ci propose à l'artiste un contrat pour se produire dans les salles Paramount pour animer les entractes. Il débute le 19 Mars 1927 à Bordeaux (où il retrouve un camarade d'école, Andrex), puis enchaîne avec Toulouse, Nice, Lille, etc... . Paris a la joie de le découvrir à Bobino en Décembre pour 12 minutes par représentation !
Ce succès immédiat lui permet de signer un contrat de 19 semaines pour animer les entractes des cinémas Pathé, avant de revenir à Bobino en 1929. Son père disparaît le 10 Mars 1930, heureux de voir son fils gagner sa vie sur scène.
La famille Contandin s'installe à Paris en mars 1930 et s'agrandit le 18 Avril avec la naissance de sa seconde fille Janine. Cet "exil" parisien est reconduit puisque Fernand est engagé, par Henri Varna, pour un an afin d'être l'une des attractions de sa revue Nu sonore....
Véritable triomphe, ce spectacle lance définitivement la carrière de Fernandel. Ainsi, Marc Allégret lui rend
visite dans sa loge afin de lui proposer un petit rôle dans Le Blanc et le Noir (1930). Ce film est surtout pour
lui l'occasion de rencontrer 2 personnages qui deviendront ses amis : Sacha Guitry, l'auteur de la pièce dont est tiré le scénario, et Raimu, acteur principal.
En attendant le "grand" rôle, Fernandel participe en un an à 14 films, occupant de façon délirante son emploi du temps : il tourne matin et après-midi et il chante le soir. Cette période se poursuit après la dernière du Nu... puisqu'il enchaîne 12 nouveaux films en 1932, dont On purge bébé (J.Renoir), les Gaietés de l'escadron (M.Tourneur) où il retrouve Gabin et Raimu ou le premier scénario de son beau-frère Quand tu nous tiens, amour (M.Cammage) et 8 en 1933.
Il ne délaisse pas non plus la scène, puisqu'il parcourt la France (de l'Eldorado marseillais à l'Elysée Palace de Vichy, avant de revenir à Bobino puis aux Folies-Bergère). Marcel Pagnol le contacte en 1933 pour le personnage de Saturnin de Un de Beaumugne. Poliment attentif, Fernandel se laisse gagner par cette histoire. Mais, il a un gros problème : boulimique, il croule sous les engagements et demande donc à Pagnol de décaler le tournage d'Angèle de quelques mois. Ce sera chose faite, donnant naissance à une amitié (et des disputes !) de près de 30 ans. Après l'immense succès d'Angèle (1934), son premier rôle dramatique, Fernandel tournera trois autres films avec Marcel Pagnol : REGAIN (1937), d'après Jean Giono, Le Schpountz (1937) et La Fille du Puisatier avec Raimu (1940), NAIS, sur un scénario et des dialogues de Marcel Pagnol, d'après Émile Zola, fut signé pour la mise en scène, par Raymond Leboursier en 1945. "C'est à Pagnol, dira Fernandel, que je dois d'avoir pu prouver que j'étais un vrai comédien."
C'est pour leur 10 ans de mariage que le couple achète la villa des Mille Roses dans la banlieue de Marseille, devenant avec le temps le refuge de Fernandel, de sa famille et de ses amis (Andrex, Bousquet, Darcelys et Georgel, entre autres). Après les Bleus de la Marine, premier scénario de Jean Manse, son beau-frère s'est attaqué à l'écriture d'Ignace qui devient dans un premier temps une opérette créée aux Variétés (et qui triomphera partout en France) avant d'être filmé en 1937 par Pierre Colombier. Il est à noter que ce prénom sera le 3ème donné au fils Contandin, né le 10 Décembre 1935 (avec Frank et Gérard).
Après François 1er et les Dégourdis de la 11ème (Christian-Jaque - 1937), il retrouve son ami Pagnol qui lui offre l'échec Regain et le triomphe le Schpountz la même année. Il en profite d'ailleurs pour rédiger ses premières mémoires, publiées sur 3 semaines dans le quotidien "Ce Soir". 1938 marque la présence dans sa filmographie de 3 prénoms célèbres; Barnabé (A.Esway), Raphaël le Tatoué et Ernest le Rebelle (Christina-Jaque) et s'achève par son sacre d'acteur le plus populaire (devant Danielle Darrieux et Jean Gabin). C'est au cours de cette période que Fernandel se forgea la réputation d'un comédien exigeant, irascible et "radin" : on le tutoyait peu sur les plateaux. Mais certains de ses partenaires prirent alors sa défense affirmant qu'il n'était pas prétentieux ni colérique mais éternellement de bonne humeur...
Hélas, les évènements en Europe ne sont guère marqués par le pacifisme et l'acteur Fernandel devient le soldat mobilisé Contandin. Naturellement, son immense popularité sera l'occasion de nombreux quiproquos et attroupements lors de ses gardes, personne ne l'imaginant réellement soldat. Afin de servir au mieux la Patrie, il est détaché aux côtés de Pagnol au service cinématographique des Armées : leur but, tourner un film susceptible de participer au rapprochement franco-italien. Ce sera la Fille du Puisatier qui sera achevé après l'Armistice.
De retour à la vie civile, la Continentale, de mémoire très trouble, lui "demande" de jouer et de réaliser Simplet en collaboration avec Carlo Rim. Sur un scénario de Manse, il retrouve autour de lui sa bande d'amis marseillais et cette première expérience demeurera, malgré les circonstances, un bon souvenir.
Sans chercher vraiment à faire acte de bravoure, il se retire peu à peu de la vie publique, se réfugiant dans une nouvelle propriété, à Carry-le-Rouet, ne tournant rien entre la nouvelle commande de la Continentale (Adrien qu'il réalisera en 1943) et la libération. Le retour de Fernand dans les salles se fait par l'intermédiaire d'un bossu extraordinaire dans Naïs (1945) de Pagnol et sur scène à l'ABC en Octobre (pleurant toutefois la disparition de Raimu). C'est au cours des représentations de la nouvelle opérette de Manse, les Chasseurs d'Images, qu'un jeune marseillais, Henri Malakian, vient le voir dans sa loge pour lui demander un parrainage. C'est le début d'une amitié et d'un talent, celui d'Henri Verneuil, avec lequel il tournera le Mouton à cinq pattes (1954) ou la Vache et le Prisonnier (1959).
Après l'excellente Armoire Volante (C.Rim - 1949) et un retour sur scène, il travaille enfin avec Sacha Guitry (Tu
m'as sauvé la vie - 1950) où il recueille les seules bonnes critiques du film. Quant à Adhémar (1951), c'est l'acteur qui le réalisera car le Maître subit en même temps l'opération de la dernière chance (dont il sort vainqueur). Période faste entre toute, car Fernandel participe à Topaze (M.Pagnol - 1950) et à l'Auberge Rouge (C.Autan-Lara - 1951) avant de devenir Don Camillo sous la houlette de Julien Duvivier. Les années qui suivent sont marquées par l'importante collaboration avec Verneuil (au final 8 films dont 6 entre 1951 et 1954) et la brouille avec son mentor, Marcel Pagnol. Débutée par une peccadille (le refus de Fernandel d'incarner Ugolin dans Manon des Sources en raison de trop nombreux engagements pris par l'acteur), celle-ci éclate sur le tournage de Carnaval (1953) dont la réalisation a été confiée à Verneuil car Pagnol était lui-même débordé. L'acteur, agacé par le manque de rigueur de l'auteur, lui fait part sur le tournage de ses réserves. Pagnol réagira en humiliant Fernand devant tout le monde, le qualifiant de "grimacier". La fâcherie durera près de 20 ans.
Le reste de cette décennie ne laisse pas une grande trace malgré Ali Baba (J.Becker - 1954), le Couturier de ces dames ou Sénéchal le Magnifique (J.Boyer - 1956 et 1957), jusqu'à la célèbre Margueritte et son prisonnier. Si les années 60 débutent bien (grâce à Crésus de Jean Giono), Fernandel enchaîne navet sur navet (y compris la première œuvre de Sergio Leone, Avanti la musica, dont la seule qualité fut de marquer les débuts de son fils, Frank) avant de fêter ses 30 ans de cinéma.
Lauréat du prix Courteline 1963 de l'humour, il retrouve pour la première (et hélas) dernière fois le lauréat 1962, Bourvil, dans la Cuisine au Beurre (G.Grangier - 1963), les deux hommes s'avouant leur admiration mutuelle en privé. Si le résultat se laisse regarder sans déplaisir, la rencontre la plus marquante de cette période est celle de Jean Gabin au mariage d'Henri Verneuil, dont ils seront tous les deux les témoins.
Les deux hommes s'entendent très vite et décident de créer une société de production, la "GAFER" (= GAbin + FERnandel) chargée de développer des scénarios pour les 2 monstres sacrés: il en résultera L'âge ingrat, avec Jean Gabin, son fils Frank Fernandel et Marie Dubois, de Gilles Grangier. On le retrouve, avec son fils en première partie, au music-hall en 1965, triomphant à nouveau, avant d'enchaîner le 5ème Don Camillo. L'acteur qui n'a plus rien à prouver accepte de tourner pour Mocky, la Bourse ou la Vie (1966), par amitié pour Bourvil qui tenait le réalisateur en haute estime. Ce sera une erreur, mais il ne s'en soucie pas. Il tourne aussi dans l'adaptation par Denys de la Patellière du roman de Bernard Clavel, le voyage du père (1966). Il participe en parallèle à de nombreuses œuvres caritatives, estimant qu'il doit bien cela à la vie qui l'a gâté. En 1968, il chante pour la première fois à la télé (après longtemps avoir refusé) 5 titres dont Félicie aussi et les Gens riaient, admirable raccourcis de ses débuts. Fernandel retrouve aussi le théâtre avec "Freddy", une comédie policière de Robert Thomas. Heureux qui comme Ulysse (H.Colpi - 1969) sera cependant sa dernière apparition cinématographique.
Ayant fait une chute sur son bateau "Le Caméra" à Carry-le-Rouet, un kyste à sa poitrine est apparu quelques temps après. Il s'est avéré que ce kyste, après analyse, était cancéreux. Fernandel a donc développé un cancer, sa famille était la seule au courant. En tournant un nouveau "Don Camillo", sous la direction de Christian-Jaque, en août 1970, le comédien se plaint de fatigue. Il consulte un spécialiste en Italie, qui lui diagnostique une autre maladie. (Le film restera d'ailleurs inachevé et, repris par Mario Camerini, avec Gastone Moschin, sera distribué sous le titre de Don Camillo et les Contestataires, en 1972). Sa famille lui cachant la vérité, il n'a pas conscience de son état jusqu'à la fin. Le cancer se généralisant, il meurt d'un arrêt cardiaque, à cause de la fatigue imposée par la maladie et les traitements, le 26 février 1971 dans son lit, dans son appartement de l'avenue Foch à Paris.
Le lundi 1er mars, à 14 heures, en la chapelle Saint-Honoré-d'Eylau, 66, avenue Raymond-Poincaré, le père Lendger, aumônier de l'Union des Artistes, célèbre les obsèques de Fernand Contandin, dit Fernandel. Après cette cérémonie, le cercueil restera pendant quelques jours dans la crypte de l'église Saint-Pierre-de-Chaillot. Fernandel et Henriette ont rêvé en effet d'être enterrés dans leur propriété de Carry-le-Rouet, au bord de cette Méditerranée qu'ils ont tant aimée. Cette joie leur sera refusée. A partir du 26 avril, Fernandel reposera au petit cimetière de Passy... en plein cœur de Paris qui a fait sa gloire et qui a voulu le garder pour jamais.
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