Titre original : Rachida
Durée : 1 h 40 min
Genre : Drame
Année de production : 2002
Pays d'origine : Algérie, France
SYNOPSIS
Un jour banal à Alger. Une jeune femme en sang gît sur le bitume. Elle s'appelle Rachida, elle est institutrice. Un de ses anciens élèves vient, sous la menace, de lui demander un « service » : poser une bombe à l'école. Elle s'est cabrée : « Non, pas les enfants ! » Le prix de son refus : une balle dans le ventre. Rachida s'en sort. On a guéri son corps, « mais pas la blessure dans sa tête ». Traumatisée, elle se réfugie dans un bled de montagne avec sa mère, tente de reprendre une vie normale. Mais la peur et la violence sont partout. Les terroristes font de fréquentes incursions au village, vandalisent un café, tuent un vieillard, enlèvent et violent une jeune fille...
Comment vivre, quand il n'est question chaque jour, chaque nuit que de survivre ? Maquisards islamistes, milices armées de tous bords, escadrons de la mort : depuis 1992 et l'annulation des élections remportées par le FIS (Front islamique du salut), on parle de plus de cent mille morts et de dix mille disparus.
Yamina Bachir-Chouikh a choisi d'explorer la tragédie quotidienne d'un pays tout entier, à l'échelle d'une communauté villageoise, à l'aune des individus. Avec une minutieuse sensibilité, un réalisme frémissant, elle donne chair à la douleur. Une jeune fille meurtrie, hagarde, à demi dénudée, vient d'échapper à ses tortionnaires. Elle erre comme un fantôme dans les rues du village. Une à une, les femmes s'approchent, ôtent leurs voiles multicolores pour la couvrir. Cette scène magnifique, sobre et poignante est, à l'image du film, d'une grande délicatesse. La réalisatrice filme la vie qui résiste malgré tout au coeur même de l'enfer. La lumière pure et transparente, la douceur des nuits, l'odeur d'un figuier. Les rires des femmes, leur beauté solaire, leur sensualité, leur courage, leur solidarité.
En montrant aussi les portes fermées, les tombes fraîches, elle nous met en prise directe avec la peur et le deuil, loin de toute représentation spectaculaire de la violence. Elle préfère filmer la mort en creux, dans les yeux terrifiés et les tremblements convulsifs de Rachida, qui se cache, un enfant dans les bras, pendant une descente nocturne meurtrière des terroristes.
Si elle s'attache longuement, tendrement à ses personnages, Rachida volontaire et blessée, sa mère douce et forte (Ibtissem Djouadi et Bahia Rachedi, toutes deux exceptionnelles), elle leur insuffle aussi sa révolte. Contre la sauvagerie de la guerre civile, mais aussi contre la domination brutale des mâles ordinaires : celui-ci veut marier sa fille à un homme qu'elle n'aime pas, celui-là répudie la sienne, « déshonorée » par le viol qu'elle a subi. Aux antipodes du film dossier, cette chronique d'une palpitante justesse s'achève sur une note d'espoir. Un espoir chancelant, meurtri, minuscule, qui concentre pourtant toute la foi humaniste d'une femme qui, à l'image de son héroïne, continue, dans le désordre et le sang, de faire œuvre nécessaire -
LIENS
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Un partage de : Ray45
encore merci frère.