Le tombeau est le port où nous arrivons tous après une navigation plus ou moins orageuse.
Proverbe oriental ; Les apologues et contes orientaux (1784)
Le Gynéco De La Mutuelle (1968) VOStFR DVDRiP - Luigi Zampa
* David di Donatello du meilleur acteur principal 1969 pour Alberto Sordi.
Titre original : Il medico della mutua
Aussi connu sous le nom de : Be Sick... It's Free, The Family Doctor
Réalisé par : Luigi Zampa
Produit par : Euro International Film Explorer Film 58
Genre : Comédie à l'italienne
Durée : 01:38:00
Année : 1968
Date de sortie : 24 octobre 1968
Pays : Italie
Avec : Alberto Sordi, Bice Valori, Sara Franchetti, Nanda Primavera, Ida Galli, Francesca De Leone
https://www.iletaitunefoislecinema.com/
Le Dr Guido Tersilli se retrouve à l'hôpital pour une dépression nerveuse. En fait, cela est dû au nombre disproportionné de patients que le médecin avait dans son étude. Cependant, quelques mois avant cet événement, Guido était une personne différente. Il n’était qu’un simple pédiatre à Rome qui effectuait des visites pour des enfants. Mais sa mère avait prévu pour lui un grand avenir en tant que médecin et lui avait appris à jouer dans le sale hôpital où Guido travaillait pour obtenir plus de clients pouvant être empruntés. La mutuelle est une association qui fournit aux Italiens la contribution de l'État aux médecins. En Italie, la période de croissance maximale était précisément celle des années soixante au cours de laquelle les médecins et les cliniques de première ligne ont tenté d'accumuler pour leur bien-être. nombreux clients qui ont dû accumuler plus d’argent en commun. Le Docteur Tersilli d'un simple pédiatre commence à devenir un véritable médecin qui ratisse çà et là avec des clients ordinaires. Le tournant se produit lorsqu'une femme riche demande à Guido de rendre visite à son mari. Guido en profite pour courtiser la femme, alors qu'il était déjà fiancé avec une autre fille pour l'emmener sur sa liste de patients empruntés. Ainsi, Guido, sous l'envie de ses collègues, commence à gagner d'innombrables clients empruntés à la dame riche, atteignant 2 000 patients. Cependant, Guido ne peut pas soigner longtemps tout le stress dû au travail d'épuisement en cours. À l'hôpital, Guido se trouve face à face avec ses camarades ennemis qui décident de prendre soin de lui mais volent une partie des meilleurs clients avec une hypothèque. Guido Tersilli continue donc de voir ses patients, mais reste au lit et parle au téléphone.
Luigi Zampa
Luigi Zampa fait partie de ces cinéastes italiens dont la longue carrière est ponctuée de plusieurs réussites incontestables. Son parcours reste classique : ayant commencé à travailler avant-guerre, il fait naturellement partie du courant néoréaliste qui s’impose dès les années 40. Pour peu à peu lâcher la bonde à une certaine fantaisie et aborder les rivages de cette comédie italienne qui reste une référence pour nombre de cinéphiles. Tourné en 1968, Il Medico della mutua fait incontestablement partie du lot et n’aurait d’ailleurs pas déparé dans l’œuvre cruelle et hilarante de Dino Risi ou de Mario Monicelli. Comme souvent dans la comédie italienne, le point de départ est réaliste, et socialement signifiant, le film s’attachant aux pas d’un jeune médecin qui use de tous les moyens, y compris les plus douteux, pour augmenter sa clientèle et s’enrichir. Jusqu’à séduire la femme de l’un de ses patients qui n’est pas loin de passer l’arme à gauche… Zampa n’y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer l’Italie du miracle économique où la recherche du confort maximum semble être devenu le seul objectif de toute une population, mais il le fait avec une santé qui met les rieurs de son côté. Il est vrai qu’il est servi par un Alberto Sordi (l’un des très grands comédiens de la comédie italienne, archétype du romain débrouillard) au sommet de sa forme. Au final, ce film resté inédit en salle (en France) s’avère plus de cinquante ans après sa réalisation absolument incontournable… Il devrait sans doute, tant il nous met en joie, être remboursé par la sécurité sociale.
Critique
Cette histoire est celle d'un médecin généraliste, qui s'installe dans le quartier le plus pauvre de la ville en espérer développer sa patientèle, et grâce au système de santé subventionné. Il n'a guère de patients, et sa vie professionnelle, et personnelle, va changer, lorsqu'un confrère généraliste est sur le point de décéder, lui léguant en quelque sorte son carnet de quelque 2000 personnes.
Énorme succès lors de sa sortie en 1968 (plus de 10 millions d'entrées), Il medico della mutua est un constat à la fois humoristique, mais extrêmement cruel sur le système de santé italien d'alors, mais aussi le portrait d'un homme qui voit sa vie de manière idéalisée, mais qui va prendre les chemins de traverse, quitte à développer des vices comme l'hypocrisie, la lâcheté, la mesquinerie, et même l'infidélité. Au départ, il est clairement manipulé par sa mère et sa fiancée, qui ne cessent de l'utiliser pour qu'il devienne connu, afin qu'elles bénéficient par rebond de cette notoriété et briller en société.
On le voit dans ce quartier pauvre, admirablement filmé, avec ces bâtiments tous identiques, signe d'une Italie en pleine construction, puis un zoom sur sa fenêtre attendant désespérément le premier patient.
Il y a des passages très drôles, comme ce patient, qui a dix (10 !) enfants, où on comprend qu'il en a autant juste pour toucher les allocations, et cela va lui donner l'idée d'utiliser, à son avantage, le système de santé conventionné, jusqu'à cette providence où, de personne, il acquiert en guise de leg (si j'ose dire) 2000 patients d'un coup, mais ce qui devait rendre sa vie enrichissante va être un enfer.
Avec ce plan-séquence, qui dit tout du film, où Alberto Sordi passe d'un cabinet à un autre, de gauche à droite par des travellings latéraux, et consulte des clients durant quelques secondes seulement, avec des avis toujours plus lapidaires, et un léger zoom qui montre que peu à peu, la fatigue commence à s'installer sur ce médecin, obligé de travailler à la chaine. Avec des consultations qui se font de plus en plus vite, jusqu'à 100 par jour !
On le voit aussi changer peu à peu, et cela permet de montrer l'étonnante variété de jeu d'Alberto Sordi, qui se montre en fin de compte horrible, se permettant de jeter sa fiancée parce qu'ils ne sont plus compatibles, dixit, au profit d'une femme plus âgée, la veuve du médecin qui lui a légué sa patientèle.
A trop jouer avec le système, on se broie les ailes ; cela pourrait être la conclusion de ce film, admirable, joué de manière superbe, avec une réalisation au cordeau, mais qui montre une horrible réalité. Et qui, quelque part, montre aussi notre époque contemporaine, avec ce cabinet rempli à ras bord de personnes, où les docteurs doivent aller de plus en vite, qui sont eux-mêmes menacés par d'autres vautours en cas de problèmes de santé ; travailler plus pour... pourquoi d'ailleurs ?
Hébergeur : Uptobox
Type : mkv
Qualité : DVDRiP
Langue : Italien
Sous-titres : Français
Taille : 590.79 MB
https://uptobox.com/8m1ekd0vuh54
Une exclusivité signée : Jobim
Ida Galli
L'histoire
Jeune médecin généraliste cherchant à s'installer, Guido Tersilli peine à se composer une patientèle, malgré les efforts de sa mère ou de sa fiancée. Prenant conscience que le système de santé conventionné permet quelques abus, et face à la féroce concurrence qui existe entre médecins, Guido entreprend de séduire Amelia Bui, épouse d'un praticien épuisé, sur le point de mourir, qui compte plus de 2 000 patients !
Analyse et critique
Luigi Zampa reste, aux yeux du public français, un paysage à découvrir, mais les choses avancent : quelques années après la rétrospective que lui consacra la Cinémathèque française (2016), voici donc que paraît enfin, en juin 2020, Il medico della mutua (1), probablement le film le plus connu du cinéaste en Italie, qui attira près de dix millions de spectateurs à sa sortie et fit l’objet d’une suite au titre interminable (2) réalisée dès l’année suivante par Luciano Salce.
Ce succès marque le sommet, en tout cas en termes de popularité, de l’association entre les deux Romains qu’étaient Zampa et Alberto Sordi, entamée en 1954 avec L’Arte di arrangiarsi. Le titre de ce film, littéralement « l’art de trouver un arrangement », caractérise assez bien presque tous les protagonistes des comédies qu’ils tourneront ensemble, archétypes de l’Italien moyen baignant, par arrivisme social, dans une culture de la compromission, entre veulerie et médiocrité. Cinquième de leurs sept collaborations, adaptée d’un roman de Giuseppe d’Agata, Il medico della mutua ne déroge pas à la règle, on pourrait même dire qu’il s’agit d’une sorte de compendium : alors que les premières minutes laissent vaguement envisager le portrait d’un idéaliste, le film va entreprendre la description méthodique de la mesquinerie, la lâcheté, l’infidélité (aux êtres comme aux principes) et l’hypocrisie d’un personnage qui serait insauvable s’il n’était interprété par Sordi, peut-être le plus merveilleux comédien du monde quand il s’agit de rendre sublime la bassesse.
Il medico della mutua n’est pas spécialement - surtout si on le compare avec certains fleurons de la comédie italienne satirique de sa décennie - un film qui s’embarrasse d’ambages ou de circonvolutions scénaristiques (malgré une vague construction en flash-back) : le chemin est direct, le discours est assez explicite et laisse assez peu de place aux digressions. Cela peut donner l’impression d’un film un peu trop linéaire, qui est dès ses premiers instants et demeure jusqu’à son terme une satire d’une constante férocité. Inversement, cela lui confère sans doute une efficacité qui explique en partie l’impact qu’il aura eu sur la société italienne, ouvrant dans les années qui suivront un débat sur l’inefficacité et les travers du système de santé national, menant à une réforme structurelle d’importance, en 1978, avec le passage d’un régime mutualiste à un système financé par l’impôt.
On peut rappeler ici à quel point le cinéma italien des années 1950 et 1960 (en particulier la comédie de ces décennies) aura décrit, avec une réactivité ahurissante, l’état - et les dysfonctionnements - de la société italienne de l’après « miracle économique ». Si désormais, Internet et les réseaux sociaux ont considérablement accentué la diffusion des informations et des indignations, il faut bien mesurer ce que l’acuité de la perception des scénaristes avait alors de prodigieux, en ce qu’ils parvenaient parfois à anticiper dès l’écriture (et donc des mois avant la sortie des films) les questions qui allaient ensuite animer le débat sociétal. En disant les choses de façon sommaire, pour qui veut comprendre la société italienne des années soixante, probablement aucune archive ou aucun témoignage historique n’atteignent la valeur de la description offerte par le genre communément appelé « la comédie à l’italienne » - le cas particulier de Luigi Zampa, qui ne cherchait presque jamais à se dissimuler derrière la fable ou la comédie de mœurs mais abordait les sujets de façon frontale, étant donc particulièrement précieux.
Mais pour, en partie, les mêmes raisons, on peut toutefois trouver - génie d’Alberto Sordi, une fois acté, mis à part - que ce que Il medico della mutua révèle du style de Luigi Zampa invite à une forme de réserve, en tout cas empêche de placer le cinéaste tout à fait au niveau des Comencini, Monicelli, Risi ou Germi, les maîtres du genre. En somme, s’il traite son sujet avec force et rigueur, Luigi Zampa ne semble jamais le transcender : son film est assez exactement ce qu’il prétend être, de bout en bout, mais il n’est guère plus. Dans le texte consacré à Il Vigile, nous comparions ce dernier film avec Le Commissaire de Luigi Comencini, pour montrer comment les fins révélaient les divergences de regard des deux cinéastes, en particulier ce qu’il y avait de poétique dans le geste spécifique de Comencini. On pourrait faire plus ou moins la même chose avec Il medico della mutua, dont la fin cède - en deux temps - au même type de pessimisme fondamental, un peu sarcastique qui plus est, sans donner le sentiment d’ouvrir quoi que ce soit d’autre.
En de brèves occasions, le film donne un aperçu de ce vers quoi il aurait pu tendre : citons la séquence pédagogico-grotesque avec le père des neufs enfants incarné par Tano Cimarosa (qui préfigure Affreux, sales et méchants), ou plus encore ce plan admirable, en léger travelling avant (parsemé de panoramiques latéraux) qui décrit la course aux consultations de Guido, passant d’un cabinet à l’autre : autant dans le fond (l’absurdité d’un système qui tend à déshumaniser la patientèle) que dans la forme (avec ce cadre qui se resserre sur le médecin essoufflé, sur le point d’exploser en vol), le film touche ici à une forme de stylisation remarquable qui ne se fait ensuite qu’un peu trop regretter, en particulier lors des scènes, un peu répétitives, avec Amelia Bui.
En résumé et pour tâcher d’être juste malgré la frustration engendrée par cette sensation de potentiel inabouti, Il medico della mutua demeure un film plaisant, tout à fait représentatif du mordant de la comédie italienne de cette époque. Les amateurs sauront apprécier.
(1) Le film, récemment présenté en France sous le titre Le Médecin de la mutuelle, y a également été exploité comme le titre Le Gynéco de la mutuelle, titre (au moins) doublement contestable : d’une part, Guido Tersilli est généraliste (et la référence à la gynécologie semble n’être qu’une tentative affligeante de faire passer le film pour une comédie polissonne), d’autre part, la traduction littérale de « della mutua » par « de la mutuelle » est assez maladroite. Le Médecin conventionné serait probablement plus adéquat.
(2) Il prof. dott. Guido Tersilli primario della clinica Villa Celeste convenzionata con le mutue.